Comment assurer la succession de votre PME ?

Comment assurer la succession de votre PME ?

Une entrepreneuse ou un entrepreneur prospère n’est pas à l’abri d’imprévus, comme une maladie sérieuse ou un accident grave. Une action rapide s’impose alors. Voici les meilleures recommandations pour céder votre entreprise au bon moment.

Engagez une planification successorale précoce, dès 50 ans

Mettez en place la stratégie de succession dans votre PME bien avant de songer à céder l’entreprise. Il est fortement conseillé d’amorcer une réflexion à ce sujet à l’âge de 50 ans, afin de disposer du temps nécessaire pour bâtir une transmission en douceur. Clarifiez déjà les rôles et les responsabilités qui seront dévolus à vos collaborateurs-clés à l’avenir. Ils peuvent ou non faire partie de votre famille. Prévoyez ensuite la formation du successeur identifié et impliquez-le progressivement dans les processus décisionnels.

La planification d’une succession se prépare en réalité des années avant la vente proprement dite de la société. Si des changements importants doivent être apportés à la structure juridique ou capitalistique de l’entreprise pour faciliter la cession future, ils doivent être amorcés suffisamment tôt.

Il faut en effet tenir compte des délais inhérents aux procédures fiscales ou légales. De plus, la recherche d’un repreneur adéquat (membre de la famille ou un tiers) demande du temps. Entamez donc une prospection discrète quelques années avant l’échéance de la cession. Cette démarche vous aide à identifier la meilleure option pour pérenniser votre héritage entrepreneurial.

Réalisez un audit complet de votre planification

Il est essentiel de procéder à un examen approfondi de votre planification successorale lorsque vous êtes proche de vos 60 ans. Cet audit vous permet d’identifier les forces et les faiblesses de votre stratégie actuelle afin d’analyser votre plan de transmission de manière critique.

Demandez-vous entre autres : quels sont les aspects bien ficelés et les zones d’ombre à renforcer ? Quelles améliorations pourraient être apportées pour optimiser le processus ? N’hésitez surtout pas à faire appel à des conseillers externes - fiscalistes, avocats, consultants - pour avoir un regard neuf sur votre planification.

Leur expertise vous aide à déceler d’éventuels angles morts. Associez également vos principaux collaborateurs à cet audit. Leurs suggestions vous permettent de combler les lacunes et de consolider votre stratégie avant de passer à l’étape de mise en œuvre.

Affirmez votre vision stratégique en tant que propriétaire

En votre qualité de propriétaire-dirigeant, vous devez définir une orientation stratégique claire quant à l’avenir de votre PME après votre retrait. Votre vision est essentielle à ce propos pour guider les choix de succession. Réfléchissez donc aux objectifs que vous assignez à l’entreprise sur le court, moyen et long terme. Où souhaitez-vous qu’elle se situe dans 5, 10 ou 20 ans ? Quelle place sur ses marchés cibles ? Quel niveau de chiffre d’affaires ou de rentabilité ? Précisez également le rôle que votre famille peut ou non continuer à jouer après votre succession. Souhaitez-vous transmettre le flambeau à vos enfants ou au contraire sortir totalement du capital ?

Partagez votre vision stratégique avec vos principaux managers et le successeur pressenti. Expliquez votre démarche et vos motivations. Recueillez tout de même leurs avis avant de formaliser cette feuille de route.

Une stratégie claire, comprise par tous, facilite les prises de décisions futures et garantit la cohérence des actions menées par l’équipe dirigeante, dans la perspective du changement de mains à venir. Votre héritage est ainsi préservé.

Examinez de manière approfondie les options de transmission interne ou externe

Selon la stratégie retenue, différentes options s’offrent à vous pour organiser la transmission de votre PME. Vous devez les étudier avec soin afin d’opter pour le scénario le mieux adapté.

La transmission familiale à l’un de vos enfants ou à un autre membre de la famille

La transmission de votre entreprise à l’un de vos enfants ou à un autre membre de la famille est une option courante. Elle permet de conserver le capital dans le giron familial et de poursuivre votre héritage entrepreneurial.

Cependant, vous devez vous assurer que le successeur familial pressenti possède les compétences et la motivation nécessaires pour diriger la société. Si ce n’est pas le cas, formez-le en amont et testez ses capacités. Envisagez éventuellement un duo avec un manager expérimenté. Veillez également à traiter équitablement tous les membres de la famille pour éviter les conflits. Les enfants non impliqués dans l’entreprise doivent être compensés financièrement.

La vente à des cadres dirigeants déjà en poste dans l’entreprise

La cession de votre PME à des cadres en interne présente l’avantage de garantir une continuité managériale. Ces dirigeants connaissent déjà bien l’entreprise, ses forces et ses faiblesses ainsi que sa culture. Ils représentent souvent le meilleur choix pour prendre la relève et poursuivre votre œuvre.

Toutefois, ils ne disposent pas toujours des fonds propres suffisants pour racheter seuls la totalité du capital. Vous pouvez alors les accompagner par un crédit-vendeur étalé sur plusieurs années. Cela leur laisse le temps de générer les cash flows pour rembourser progressivement le prix d’acquisition.

Une autre option consiste à les associer à un investisseur financier (fonds d’investissement, family office…) qui apporte une partie des capitaux nécessaires. Votre équipe de managers conserve ainsi la main sur la gestion opérationnelle, tandis que l’investisseur reste plus en retrait.

La cession à un ou des investisseurs externes

La vente de votre entreprise à un investisseur financier ou un fonds permet de libérer totalement votre patrimoine et de récupérer des liquidités immédiates. Mais cela signifie également la perte de contrôle et la maîtrise de la stratégie future. Prenez donc le soin de trouver des acquéreurs qui partagent une vision proche de la vôtre pour le devenir de l’entreprise. Examinez précisément leur track record et la philosophie des fonds d’investissement approchés.

Des clauses d’earn-out et de droit de regard peuvent également être intégrées dans le pacte d’actionnaires. Elles vous permettent de vous impliquer dans la transition post-cession et de protéger l’héritage entrepreneurial que vous transmettez.

Une fusion avec un autre acteur du secteur

L’adossement de votre PME à un grand groupe du même secteur d’activité est une option intéressante à examiner. Cela peut sécuriser la pérennité de l’entreprise sur le long terme, en lui donnant des moyens financiers et commerciaux supplémentaires.

Cependant, l’identité et l’agilité de votre structure risquent d’être diluées au sein de la culture du groupe repreneur. Veillez donc à bien négocier des garanties sur le maintien de l’autonomie opérationnelle de votre entreprise. Exigez des engagements sur le maintien des emplois, de la marque et des sites historiques. Des postes clés réservés à vos cadres dans le top management peuvent également être envisagés.

Privilégiez des solutions amiables en cas de conflit familial

Il est inutile d’envenimer la situation par des conflits stériles si des divergences surviennent entre les héritiers qui sont concernés par les modalités de la succession. Le mieux est de privilégier une résolution à l’amiable dans l’intérêt de tous.

Encouragez donc un dialogue serein, où chacun peut exprimer ses attentes de façon constructive. Focalisez-vous sur les intérêts communs plutôt que les positions antagonistes. En cas de blocage, n’hésitez pas à faire appel à un médiateur neutre qui peut trouver les arguments pour rapprocher les points de vue.

Avec de la bonne volonté, des solutions équilibrées et viables peuvent émerger. L’essentiel est de dissiper les incompréhensions et d’apaiser les tensions pour retrouver une unité familiale propice à une transmission réussie.

Adoptez une évaluation objective de la valeur de l’entreprise

Lors de la cession, l’une des étapes délicates consiste à s’accorder sur la valeur de l’entreprise, entre le cédant et le repreneur potentiel. Les discussions sont souvent empreintes d’affect. Le propriétaire-dirigeant a évidemment un attachement émotionnel fort à son entreprise, fruit d’une vie de labeur. Mais l’acquéreur va beaucoup plus raisonner de façon plus pragmatique. Dans ces cas de figure, vous devez donc vous baser sur des critères financiers rationnels comme :

  • le chiffre d’affaires, les bénéfices ;
  • le flux de trésorerie, les actifs ;
  • les parts de marché, etc.

Faites expertiser la société par un professionnel indépendant. Surtout, soyez prêt à négocier le prix de cession de façon réaliste, tout en préservant vos intérêts patrimoniaux. L’acheteur doit pouvoir financer un montant soutenable sur le long terme.

Assurez la protection de votre patrimoine personnel

Bien en amont de votre succession, assurez-vous de protéger vos biens privés et ceux de votre famille, distincts des actifs professionnels. Clarifiez donc ce qui relève de la future transmission et ce que vous souhaitez conserver dans votre patrimoine personnel. Optimisez la gestion de votre patrimoine privé le plus tôt possible, en adoptant des stratégies prudentes et équilibrées pour faire fructifier vos avoirs. Diversifiez vos placements (immobilier, assurance-vie, SCPI, PEA, etc.) et souscrivez des assurances-vie adaptées à votre situation familiale et au montant de patrimoine à transmettre.

Prévoyez tout de même des clauses bénéficiaires au profit de votre conjoint et de vos enfants. N’oubliez surtout pas de rédiger votre testament de façon précise, avec l’aide d’un notaire et de planifier votre donation entre époux et les donations graduelles à vos enfants. Cette mesure facilite généralement l’optimisation de la fiscalité.

En cas de décès prématuré, le capital décès de vos assurances-vie permet à votre famille de conserver son niveau de vie et de faire face aux frais. Une stratégie patrimoniale avisée et anticipée est ainsi le meilleur moyen de céder votre entreprise sereinement tout en préservant les intérêts financiers de vos proches, conformément à vos volontés.